Permettez-moi d’apporter mon point de vue à propos de l’article paru le 20 février dans le journal Ouest France, concernant Stellantis à Chartres-de-Bretagne. Il s’agit de l’entretien de M. Bernard Jullien avec qui j’ai eu un long travail de collaboration dans les années 2010-2015 [1].

L’analyse de la stratégie d’un groupe industriel automobile international n’est pas sans laisser des latitudes aux spécificités et initiatives potentielles des établissements qui le composent.

  • Oui les établissements de l’industrie automobile sont soumis à une concurrence interne pour « décrocher » des fabrications de véhicules,
  • Oui les délocalisations sont une réalité qui repose sur les écarts de coût sociaux et salariaux comparés avec les pays émergents (Afrique du Nord et plus anciennement l’Asie) ou qui ont traversé des crises économiques sévères avec des corrections de rémunérations extrêmes (- 30 % en Espagne, suite à la crise de 2008 …)
  • Oui la violence du déclin industriel de l’usine chartraine n’a pas eu d’équivalent en France au plus fort de la crise (14 000 salariés en 2005 à la veille du premier plan social d’envergure et 2 300 aujourd’hui).

En 2012, de légitimes préoccupations à propos de la pérennité de l’usine étaient au cœur de l’actualité locale et même nationale [2] …

  • Oui j’ai connu des élus enclins à tourner la page de l’industrie automobile dans cette agglomération et au Département.

Aujourd’hui, nul ne doit ignorer la performance d’une usine qui malgré sa taille réduite affiche des performances prometteuses qui la place parmi les meilleures en Europe ; plus particulièrement en qualité. C’est le résultat de la montée en compétences de tous les salariés. Entre autres, à cette date l’établissement sait déjà prendre le virage de la digitalisation dans les process de fabrication. Stellantis-La Janais bénéficie de tout un écosystème réactif, agile ; Il donne une réelle perspective qui n’est pas moindre que pour d’autres sites d’assemblage dans l’espace européen.

Également, il nous importe que les grands acteurs économiques et politiques nationaux intègrent bien les enjeux de la composante géopolitique qui découle de l’instabilité grandissante du Monde. Elle justifie qu’on produise là où sont les marchés. C’est une force pour l’Europe de l’Ouest. C’est bien là où se situe Chartres-de-Bretagne, particulièrement bien raccordée à la façade atlantique ; dont l’enjeu stratégique n’est pas à démontrer.

Certes, il est urgent de développer une stratégie industrielle qui soit en mesure de nous permettre d’associer durablement l’usine chartraine dans le paysage mondial de l’industrie automobile. Pour ce faire, il m’importe d’ouvrir nos horizons en direction du gigantesque champ de l’intelligence numérique ou artificielle. C’est un passage incontournable qui déterminera les mobilités du futur. De telles perspectives de réindustrialisation supposent qu’on s’adosse à des technologies industrielles puissantes, entre autres grâce à la présence de Giga Data Centers ou grands calculateurs numériques. C’est ainsi que les véhicules intelligents, autonomes et décarbonés pourront-être produits avec efficience à Chartres de Bretagne. Au-delà de tous nos efforts à l’échelle de la proximité, il est urgent que le territoire Rennais rattrape son retard accumulé depuis 2014 en matière de réindustrialisation. Il m’importe d’étoffer un écosystème industriel qui se doit d’être lisible, performant et diversifié [3].

Philippe Bonnin
Maire de Chartres de Bretagne

[1] Notamment avec l’Association des Collectivités Site d’Industrie Automobile (ACSIA)
[2] Enrayer le déclin du site automobile France – ACSIA, juin 2012
[3] http://philippebonnin.blogspot.com/2022/06/lindustrie-de-demain.html

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