Dans le cadre du festival J’agis pour ma planète, le cinéma Espérance diffusait le film Symphonie arctique, de Laurie-Anne Courson. La réalisatrice bretonne a suivi l’expédition Greenlandia, qui a permis à 16 élèves du collège Fontenay de Chartres-de-Bretagne de s’envoler en avril dernier pour une mission scientifique d’exception au Groenland. Laurie-Anne Courson revient sur ces 18 jours particuliers auprès des adolescents.
Les élèves ont été durablement marqués par leur expédition au Groenland. Vous-même, qu’avez-vous ressenti en arrivant à Ittoqqoortormitt ?
Le but de la mission Greenlandia est d’aller collecter la matière d’un monde qui se réchauffe. Mais elle est d’autant plus difficile qu’elle est impalpable. Lorsque nous avons atterri, Sébastien Avila, le caméraman qui m’accompagnait, m’a demandé : “Qu’est-ce que je filme ?” Ma première réaction était hésitante : “Je ne sais pas !” Car tout est immense, on se sent perdu devant cette banquise. Dès lors, j’ai pris le parti de réaliser un film de sensations : la peur, la faim, le froid, l’angoisse… autant de sensations primaires très prégnantes au cours du voyage. Dans le documentaire, les jeunes parlent surtout de ce qu’ils ressentent et moins de ce qu’ils apprennent.
Votre documentaire laisse une grande place aux interrogations des adolescents. Un petit carnet sert notamment de fil rouge.
Oui, je suis partie avec un carnet vierge, qui a tourné auprès des élèves mais aussi des adultes. Chacun l’a rempli de façon anonyme. Cette matière écrite a servi de base à l’écriture d’une voix off polyphonique : les jeunes parlent avec des voix différentes d’une même matière. Leurs voix s’entremêlent, s’entrechoquent, se répondent. Le carnet permet de se découvrir soi-même, à travers les autres et ces voix multiples.
Au-delà de leur cheminement personnel, les élèves s’interrogent aussi sur leur rôle à venir pour lutter contre les conséquences du réchauffement climatique. Quel regard portez-vous sur eux et sur les générations qui les précèdent ?
Un jeune a confié au cours du voyage : “J’avais peur que les Inuits nous accueillent mal parce que nous, Européens, sommes responsables du changement climatique qui les affecte”. Toute une génération d’adultes, qui n’a pas agi par méconnaissance, par peur ou par lâcheté, confie à la jeune génération le soin d’agir sur notre environnement. C’est une responsabilité très lourde, comme une injonction. Greenlandia a choisi une voie différente, celle d’unir les générations dans l’action. Les adultes embarqués dans cette mission scientifique aident ainsi les adolescents à comprendre ce qui se joue en ce moment et dans les années à venir.
C’est la première fois que votre documentaire sera projeté. Qui vous accompagnera pour cette avant-première ?
Le caméraman Sébastien Avila sera présent, lui qui a beaucoup donné au cours de ce voyage. Quand il fallait filmer les aurores boréales à deux heures du matin par -30°C, il a répondu présent ! Mais cette aventure a aussi marqué les professionnels restés en France. C’est ainsi que la monteuse Marion Boé assistera à l’avant-première, de même que le compositeur Ronan Maillard, dont la musique joue un rôle essentiel dans le film. Et l’équipe scientifique de Greenlandia fera aussi le déplacement. Les élèves et leurs familles sont bien sûr conviés.
Si vous avez manqué la séance
Découvrez Symphonie arctique, le documentaire sur l’expédition des élèves du collège de Fontenay au Groenland, dans le cadre de la mission Greenlandia, réalisé par Laurie-Anne Courson. France 3 Bretagne le propose gratuitement : Cliquez ici
Réalisation : Laurie-Anne Courson
Musique originale : Ronan Maillard
Image : Sébastien Avila, Ludovic Fossard, Laurie-Anne Courson
Son : Sébastien Avila, Laurie-Anne Courson
Montage : Marion Boé
Etalonnage : Marcello Cilurzo
Enregistrement des voix : Jean-François Briand
Mixage : Vincent Texier
Titrage : Hervé Huneau
Producteur : Ludovic Fossard
Direction de production : Guillaume Martin
Remerciements : Mathilde Luxey : Emilie Stoll